Message du 22 novembre

Changer pour la Recherche

Une université moderne, ouverte à la société et portant des valeurs humanistes, doit permettre un développement de recherches ambitieuses qui créent de nouveaux savoirs pouvant directement irriguer la formation. Cela doit se faire dans une démarche de co-construction avec différents partenaires locaux, nationaux et internationaux, et les résultats de cette recherche doivent être diffusés librement et partagés avec tous. La liste Changer soutient sans équivoque la recherche sous ses différentes formes et s’engage à favoriser un pluralisme des savoirs s’inscrivant pleinement dans la réflexion sur et pour notre société.  

Dans ce projet, il nous semble important de repenser le rôle même de la Commission Recherche qui doit évoluer et inclure dans ses réflexions le quotidien des enseignants-chercheurs. Elle doit ainsi être le lieu où se discute la vie scientifique de l’établissement et sa stratégie en matière de la recherche, mais aussi l’espace de réflexion et d’initiative quant aux conditions matérielles de travail des chercheurs et chercheuses.

La politique initiée de partenariats nationaux et internationaux et de réponses aux appels à projets inscrit notre université dans une dynamique positive, renforçant sa reconnaissance et ouvrant des opportunités utiles. Nous notons de même l’effort accompli d’amorçage et d’accompagnement au montage des dossiers, et l’encouragement aux projets transversaux. Mais ces grandes politiques ne sauraient être menées sans un soutien efficace au travail même des EC pour leur permettre de conduire plus efficacement leurs travaux.

Notre constat : 

Le temps consacré précisément à la recherche ne correspond plus au temps nécessaire pour construire ces projets, notamment d’envergure nationale et internationale et affecte tous les champs disciplinaires. Cette tendance à soumettre à des contraintes administratives croissantes des EC déjà très pris par leurs activités de recherche, administratives et d’enseignement ne peut plus être ignorée, au vu des proportions prises à la fois nationalement et localement, et parfois même volontairement, au sein de notre université. Il faut libérer les EC de ces carcans et les aider à surmonter les différents obstacles administratifs qui étouffent les initiatives. 

Nous déplorons également la dégradation des fonctions support de la recherche. Il n’est pas concevable que certains laboratoires n’aient pas de gestionnaire administratif pérenne. Il n’est pas acceptable que des gestionnaires soient affectés à plusieurs laboratoires importants et productifs dont ils assurent le suivi tout seul. Il n’est pas compréhensible qu’une cellule dédiée à la médiation scientifique ne soit pas mise en place de façon durable, pour aider à la publication sur HAL et autres supports. 

De même, il est décourageant de se heurter à l’inertie administrative et comptable qui repousse de plusieurs mois le remboursement de frais engagés ou complique inutilement le paiement des services spécifiques, y compris et notamment pour les collègues extérieurs qui renoncent progressivement à leur partenariat avec Lyon 2. Difficile de réinviter un collègue qui n’a eu pour logement qu’un hôtel peu fréquentable, lointain et mal desservi et qui ne sera remboursé de ses frais que dans sept mois. De même, les procédures support comme Notilus, qui peut en soi faciliter les déplacements, doivent être pensées et organisées au service des laboratoires (EC et BIATSS), et non pour leur prendre un temps précieux en démarches dont la validation tardive les oblige à un perpétuel recommencement.

Nous ne nous résignons pas non plus à voir le financement de l’enseignement et de la recherche subir la concurrence d’autres dépenses sans doute utiles mais qui ne sauraient remplacer les besoins premiers d’amphithéâtres et de locaux affectés à la recherche individuelle ou collective, cœur de nos missions et qui soutiennent finalement toutes les autres activités.

Nous pensons ainsi que notre quotidien vaut plus que les effets d’annonce. Nous pensons ainsi que les conditions de travail réelles et notamment de la recherche valent autant si ce n’est plus que les grands projets auxquels nous n’arrivons plus à nous consacrer. Et nous pensons surtout que la Commission Recherche doit être un organe vivant, impliqué, qui doit faire entendre la voix de la Recherche et des enseignants-chercheurs et chercheuses au sein des instances centrales.

Nos propositions : 

Nous souhaitons, en conséquence, construire une politique de la recherche basée sur une relation apaisée entre les administratifs et les EC pour soulager ces derniers des différentes contraintes logistiques.  Pour cela, il est nécessaire de : 

  • Restaurer la confiance et la sérénité qui se sont fortement dégradées dans notre établissement. Il est nécessaire de remettre de la fluidité dans des processus devenus trop lourds et de redonner à notre établissement de l’agilité. Cela passe par des équipes administratives en central et au sein des laboratoires plus autonomes, qui se connaissent mieux et se font confiance.
  • Libérer du temps par la possibilité de mieux équilibrer les 3 missions d’un EC :  enseignement, administration et recherche. Nous proposons de réfléchir à l’élaboration d’un calendrier académique qui réintègre des temps pour la recherche, et de retravailler les référentiels. Il est important de redonner une place centrale à la recherche dans le quotidien des EC, sans empiéter sur leur vie personnelle. Une telle organisation du calendrier et des décharges sera bénéfique non seulement pour le développement de la recherche, mais aussi pour la qualité de l’enseignement et le bien-être des tous.  
  • Libérer du temps par la simplification des activités de recherche qui sont entravées aujourd’hui par une gestion et un contrôle administratif inadaptés aux spécificités d’un travail scientifique. Plus de fluidité est nécessaire pour effectuer des tâches de base constitutives de l’activité de recherche (achat, emploi de personnel, déplacements pour les missions, invitations de collègues, organisation des événements scientifiques etc.). Redonner un rôle décisionnel, de l’autonomie aux EC, directeurs et gestionnaires de laboratoires, selon des critères bien définis, et apporter plus de visibilité et de traçabilité dans les procédures tout en réduisant le nombre d’étapes décisionnelles est fondamental. Des délais maximaux et raisonnables de traitements des demandes (achats, remboursements de frais de missions) et des procédures d’urgence doivent être établis. Des guides sur les différentes procédures (comment faire, à qui s’adresser, qui prend la décision à chaque étape de la procédure, etc..) sont à mettre en place. L’environnement informatique des événements en ligne, en particulier les supports de visio conférences avec de nombreux participants sera une préoccupation forte. La création d’une cellule Evénement, faisant le lien entre l’organisation matérielle et la communication, accompagnera les EC et les gestionnaires de laboratoire sur ces questions techniques. Tout cecipermettra aux EC de se consacrer pleinement à leurs travaux en créant un environnement de recherche productif et stimulant, propice à l’innovation scientifique.
  • Repenser les relations entre les différents services de l’université pour sortir de la situation actuelle dans laquelle tout le monde est frustré, épuisé, entravé, que l’on appartienne à un laboratoire de recherche ou à un service central et quel que soit son statut. Les tensions budgétaires sont telles que les recrutements risquent de se raréfier encore. Cependant, des marges de manœuvres existent pour améliorer la mobilisation des forces existantes, en investissant dans la formation des personnels, en leur redonnant le pouvoir décisionnel par une plus grande décentralisation et souplesse, en améliorant leur condition de travail. Trop de personnels sont aujourd’hui en souffrance, en arrêt maladie, en burnout.
  • Renforcer les liens internes de la recherche. Nous devons capitaliser sur nos complémentarités internes, en favorisant des lieux d’échanges sur les travaux menés à Lyon 2 pour l’ensemble des structures de recherche et en organisant des journées de recherches interdisciplinaires auxquelles seront associés les partenaires socio-économiques. La voie ouverte par les Pôles de Spécialité est à ce jour trop obscure et doit être repensée, notamment en termes de moyens, pour dégager des lignes de force et renforcer les synergies entre les équipes de recherches du site. Un outil sera proposé via le site internet de l’université pour cartographier la recherche à Lyon 2 et la rendre plus lisible à la fois en interne et en externe.
  • Clarifier et encourager les partenariats. De nombreuses collaborations existent déjà sur le site lyonnais (associations, collectivités, laboratoires, hôpitaux, entreprises…) et au niveau national ou international, mais sont malheureusement mal connues ou n’arrivent pas à intégrer les EC potentiellement intéressés et compétents. Nous devons développer ces synergies et améliorer cette connaissance des hommes et des réseaux, en facilitant leur mise en relation. Par exemple, l’accent est mis ces dernières années sur des recherches en matière de Santé, mais très peu d’entre nous savent comment elles s’articulent et sur quels thèmes, ou qui contacter. Ici aussi une cartographie des compétences, des programmes de recherches et des partenaires, plus accessible et transparente, semble nécessaire pour développer notre potentiel de recherche et de production scientifique. En appui, il nous faut faciliter l’accueil des collègues chercheurs étrangers dans des conditions confortables autant pour eux que pour nous. 
  • La promotion des études doctorales est également au cœur de notre engagement. Il est important de garantir un doctorat de qualité et reconnu. La mention dans le COMP (contrat d’objectifs, de moyens et de performance) « d’écoles graduées » sur le site sur lesquelles il n’a pas été possible d’avoir une présentation détaillée en Commission Recherche doit nous appeler à la vigilance. L’investissement de Lyon 2 dans les écoles doctorales doit être renforcé afin de proposer un programme de formation doctorale d’excellence pour tous et toutes et quelle que soit sa spécialité. Le volet professionnel du doctorat devra également être amélioré à travers l’organisation d’événements avec les acteurs socio-économiques et impliquant les doctorants. Le soutien aux thèses en cotutelle, actuellement trop peu nombreuses sera renforcé.
  • Notre université doit également renforcer une diffusion efficace et attractive de sa recherche. Une politique ambitieuse est à mener pour faciliter la communication des résultats de la recherche et la diffusion des savoirs (actes de colloques, de congrès ou conférences), qu’ils soient académiques ou plus largement en direction de la société. L’aide à la création de supports médias, de podcasts ou de vidéos en lien avec les laboratoires de l’université aidera à cette visibilité. Une stratégie de publication estampillée Lyon 2 doit être pensée, impliquant plus directement nos Presses universitaires ou produisant une collection de travaux sélectionnés, mais librement accessible nationalement et internationalement, à partir des projets de recherche financés mais aussi des travaux individuels notables. Au-delà de la plateforme HAL, la diffusion de la recherche doit englober d’autres publications en accès ouvert et selon les principes FAIR (Findable, Accessible, Interoperable, Reusable…) pour permettre l’accès à ces données et leur réutilisation lorsque cela est possible. Cette politique de Science ouverte, en accord avec les plans nationaux et les exigences de financeurs tels que l’ANR, participera à la lisibilité de nos chercheurs et de nos structures de recherche, en renforçant notre place dans la communauté scientifique et la société civile.
  • Le financement de la recherche doit permettre aux structures de recherche de Lyon 2 de ne pas s’orienter exclusivement sur des recherches à court terme, financièrement rentables ou correspondant à l’air du temps et aux effets de mode scientifique, au détriment de la créativité et des compétences propres des chercheurs et chercheuses. Le financement à l’échelle de l’établissement doit permettre de s’affranchir de la dépendance à des financeurs extérieurs pour encourager les audaces scientifiques. Les financements de type APPI seront reconduits et élargis. Mais au-delà de ces mécanismes collectifs et institués, chaque EC doit aussi pouvoir trouver, y compris individuellement, des financements à l’échelle qui lui convient.

Pour conclure

Il nous semble essentiel de remettre la Commission Recherche au cœur de la stratégie scientifique de notre université, et comme lieu de rencontre entre les EC et la gouvernance centrale, dans le cadre de débats qui ont toujours été constructifs. Elle doit recevoir des informations précises, et ne doit pas être cantonnée à un simple rôle d’approbation de décisions prises par ailleurs. Sur les différents points évoqués ci-dessus, elle doit être plus régulièrement consultée en amont, et saisie de discussions ouvertes permettant d’éclairer les choix de la vice-présidence Recherche sur ces aspects importants qui auront un impact déterminant pour notre communauté scientifique.

La liste Changer a toujours œuvré positivement en ce sens. Sur la base de ses valeurs d’impartialité et d’exigence, mais aussi de bienveillance envers les collègues déjà très contraints, elle a toujours apporté son sérieux et son sens des responsabilités pour soutenir une autre vision de la recherche à Lyon 2. Force de proposition et liste de vigilance, elle veut renforcer pour le mandat à venir la place de la Commission Recherche dans les instances, et en faire un véritable lieu de dialogue et de remontée des attentes des structures de recherches de l’université et de leurs EC, au service de la qualité et de la renommée de notre université. 

Nous croyons que vous partagez vous aussi cette ambition.


Nos prochains rendez-vous 

Nous proposons à tous les personnels enseignants-chercheurs, chercheurs, BIATSS, de nous retrouver dans les jours à venir par le biais de plusieurs canaux : 

  • message en diffusion générale à l’ensemble des électeurs le mardi 3 décembre 2024 ;
  • poursuite de nos réunions publiques en présentiel sur le Campus Berges du Rhône le mardi 26 novembre de 18h à 20h en salle CLIO 006. 

Nous viendrons également à la rencontre de toutes celles et ceux qui le souhaitent dans les UFR, instituts et unités de recherche. 

Vous retrouverez nos textes sur notre site dédié : https://www.changerl2.org

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